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Si mes efforts m’étaient contés?…

Deux grenouilles sont tombées dans un pot de crème. L’une d’elles perd espoir, l’autre ne se laisse pas aller.

 

La grenouille démoralisée et peureuse se découragea vite.

-A quoi bon lutter, dit-elle. Je vais me fatiguer en vain. Autant en finir tout de suite.
– Mais non, disait l’autre, nage, ne perds pas courage! On ne sait jamais, tâchons de gagner du temps…
– Non, non, disait celle qui cédait au découragement. Tant pis, j’abandonne… Et puis cette crème est écœurante…
Et elle se laissa couler et se noya.

 

L’autre grenouille continuait à se débattre de toutes ses forces. Elle essayait de grimper sur la paroi de la jarre, glissait, puis recommençait sans se lasser. La courageuse petite bête frappait, frappait la crème en détendant ses longues cuisses.
«  Je ne veux pas me noyer, se répétait-elle, je ne veux pas me noyer… Allons, encore un peu de courage. »
Mais ses forces diminuaient.
La tête commençait à lui tourner.

 

« Vais-je vraiment me noyer ? Se disait -elle. Allons, encore un petit effort, peut être arriverai-je à me sauver tout de même… On n’a jamais vu une grenouille périr dans un pot de crème! »
Et elle agitait, agitait ses pattes, malgré la fatigue qui l’envahissait, l’engourdissait, l’affaiblissait de plus en plus.
La grenouille semblait perdue.

 

Et quelque chose changea, soudain.

 

La crème n’était plus ni molle, ni liquide, la crème n’était plus crème, les pattes de la grenouille n’enfonçaient plus, mais pouvaient prendre appui sur une base solide.
“Ouf !, soupira la grenouille à bout de forces.
Et elle regarda autour d’elle : elle était assise sur du beurre.

 

D’après Natha Caputo Contes des quatres vents